Il existe des milliers de récits de traversées océaniques à la voile. Mais traverser tout un océan au moteur, ça c’est une autre histoire.

Convoyage d’un Leopard 46 Powercat

Guilherme Kodja, agent Leopard et skipper, avait un défi à relever. Un tout nouveau Leopard 46 Powercat devait être livré du chantier Robertson & Caine en Afrique du Sud à son acquéreur au Brésil, avec un océan à traverser entre les deux. Guilherme Kodja a commencé à réfléchir et, dix mois plus tard, il s’est lancé dans une traversée de l’Atlantique Sud d’un mois et 4 453 milles nautiques avec ses trois équipiers.

Le convoyage d’un bateau à moteur présente des similitudes et des différences avec celui d’un voilier. Le carburant est bien sûr la priorité. Vous en avez besoin en grande quantité et rien ne garantit que vous en obtiendrez de bonne qualité une fois que vous aurez quitté le continent.

Les conditions météorologiques restent un sujet important, mais vos critères sont un peu différents. « L’état de la mer est plus important que la direction du vent », explique Guilherme Kodja. « Nous pouvons emprunter une route plus directe car nous n’avons pas à tirer des bords”.

 

La route et le programme

Il ne s’agit pas d’un voyage sans escale. À une vitesse de croisière de 6,8 nœuds, le Leopard 46 consomme un peu moins de huit litres de carburant à l’heure. Avec un réservoir de gasoil de plus de 1 850 litres, le Leopard 46 Power Cat a une autonomie standard de plus de 1 500 milles nautiques.

Comme pour les voiliers, vent et courant ont leur influence lors d’un convoyage au moteur, même si les priorités sont différentes. « Nous nous sommes dirigés vers le nord pour bénéficier d’un meilleur angle de vent et d’un courant plus favorable », explique Guilherme Kodja. « Cela rallonge la route, mais s’avère plus rapide et plus confortable”. De plus, avec l’obligation de se ravitailler en carburant en cours de route il ne pouvait pas vraiment emprunter une route plus sud.

Poste de pilotage

Première étape – De Cape Town à Luderitz, Namibie

La première étape consistait à longer la côte africaine. Ce voyage de 502 milles nautiques a duré presque trois jours. L’objectif était de faire le plein de carburant et de provisions en attendant une bonne fenêtre météo. Guilherme Kodja note « qu’un bateau moteur tangue plus qu’un bateau à voile, et qu’il est donc important de choisir une bonne fenêtre météo ».

Deuxième étape – Luderitz à Sainte-Hélène

Bien que Sainte-Hélène se trouve au nord d’Itajai, au Brésil, leur destination finale, c’est une escale prisée par les bateaux qui traversent l’Atlantique. Ce n’est pas seulement parce que la route nord est plus confortable, mais parce qu’il y a peu d’endroits plus au sud où s’arrêter. Cette étape de 1 338 milles a pris huit jours au moteur, pour une consommation de 1 926 litres de carburant. Ce fut le dernier arrêt pour faire le plein de tout le voyage.

Troisième étape – Sainte-Hélène à l’île Martin Vaz et Trindade

Les îles Martin Vaz et Trindade sont les terres les plus à l’est du Brésil, et l’équipage y a fait une brève escale pour effectuer l’entretien des 500 heures moteur. Ce fut après une nouvelle longue étape de huit jours et demi, couvrant 1 385 milles. Le retour dans les eaux brésiliennes était le bienvenu après une si longue période en mer.

Quatrième étape – Île Martin Vaz/Trindade à Cabo Frio

Rio de Janeiro n’étant pas au programme, le plus près que l’équipage s’en soit approché fut au niveau de Cabo Frio. Là, après quatre jours et demi et 725 milles de navigation depuis l’île de Martin Vaz, ils croisèrent un trafic maritime intense se dirigeant vers Rio et des exercices militaire ! Ils décident alors de faire escale à Cabo Frio pour éviter le mauvais temps mais n’y passent qu’une nuit.

Cinquième étape – Cabo Frio à Itajai

Le sprint final vers le nouveau port d’attache du bateau s’est déroulé le long de la côte brésilienne. Cette croisière côtière de trois jours a permis de parcourir 465 milles supplémentaires avant de mettre un point final à cette traversée.

Escales

Carburant, moteurs et… “No problem”

Guilherme Kodja a résolu le sujet de l’autonomie en carburant en emportant des réserves complémentaires. Il a emporté vingt-huit jerrycans de 25 litres et cinq fûts de 250 litres. Ces réservoirs étaient stockés sur le pont et dans le cockpit, là où ils pouvaient être fixés.

« Le ravitaillement en carburant n’a pas été un problème », explique Guilherme. « Nous regardions la météo et trouvions une bonne fenêtre de calme. Avec une pompe de transfert électrique, cela fonctionnait parfaitement bien”.

« Les moteurs tournaient comme des horloges », ajoute-t-il. « Silencieux et réguliers, la plupart du temps nous ne les entendions même pas depuis l’avant”.

Pour ce qui est d’éventuels autres problèmes, le voyage inaugural de ce Leopard 46 Powercat s’est déroulé sans accroc majeur, ce qui témoigne de la qualité du catamaran à sa sortie d’usine. « Nous avons un tuyau qui s’est désseré; nous avons dû resserrer quelques vis », a déclaré le skipper, « mais rien de plus, vraiment”.

Traversée

Météo, faune et navires de guerre

En un mois de mer, ils ont évité les conditions météorologiques les plus dures. En surveillant la météo et en choisissant de bonnes fenêtres, ils s’en sont très bien sortis. En plus, en cours de route, ils ont pu observer une faune extraordinaire.

« Nous sommes restés au sud, en dessous de la route migratoire des baleines à bosse », explique Guilherme Kodja. Ils ne voulaient surtout pas heurter une baleine. Mais ils ont néanmoins pu voir quelques-unes de ces créatures fantastiques. Près du Brésil, ils ont même aperçu des dizaines de baleines en même temps. Ils ont également observé des marsouins, très rares, et d’innombrables oiseaux de mer.

La grande surprise a été de se retrouver à naviguer au milieu d’un exercice naval international au large des côtes brésiliennes. L’équipage s’attendait bien à un trafic maritime intense au large de Rio, mais il a été très surpris de trouver une véritable armada au large de Cabo Frio. Le skipper a passé les vingt derniers milles en contact VHF avec des navires de guerre américains pour discuter de leurs positions et de leurs manœuvres à venir.

Découverte de la vie marine

Un début en douceur pour un propriétaire heureux

Ce voyage est relaté dans une série de vidéos, avec des images et une faune marine époustouflantes. Guilherme Kodja et son équipage ont effectué le convoyage de leur vie et ont bien testé le bateau. Le Leopard 46 Powercat a démontré toutes ses qualités de construction et ses capacités hauturières, offrant une prestation irréprochable sur un convoyage exigeant.

« Nous avons redescendu le bateau pour le salon nautique de Rio », nous dit Guilherme Kodja. « Même après avoir parcouru 210 milles supplémentaires, il n’ y avait pas besoin de grand chose pour le bateau soit parfaitement présentable”.

L'équipage